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Zone humide du Lacas

Le Lacas, un site naturel exceptionnel

Le Lacas est une zone humide au profil unique dans le Beaumont. En effet, contrairement au plateau Matheysin qui regorge de grandes surfaces de marais essentiels pour la ressource en eau, le Beaumont, de par son exposition majoritairement au Sud et sa nature géologique particulière n’abrite que très peu de milieux humides. Ces derniers souvent situés au niveau de sources ou d’écoulements dans les pentes sont globalement de très petites tailles et ponctuels. Le Lacas déroge à la règle et constitue un milieu d’exception à l’échelle du territoire. 

Les milieux humides, essentiels pour le maintien de la ressource en eau

Les milieux humides nommés aussi « zones humides » jouent un rôle très important dans le cycle de l’eau.

Leur composition complexe regroupant diverses communautés végétales sur des sols  généralement argileux agit comme une éponge en stockant l’eau lorsqu’elle est plus abondante et en la restituant lors des périodes plus sèches. Bien que les végétaux absorbent une petite partie de l’eau, leur présence limite l’évaporation et joue le rôle localement de climatiseur. Dans un contexte de changement climatique, cette fonction est d’autant plus importante même si l’on constate des assèchements plus ou moins longs durant certaines périodes de l’année. Cet effet « tampon » joue également un rôle très important dans certains contextes pour limiter les inondations.

Les zones humides constituent également de vraies « stations d’épuration » naturelles en filtrant l’eau. Les micro-organismes qu’elles abritent captent et nettoient les impuretés et dans une certaine mesure les pollutions chimiques ou bactériologiques. 

Ce sont aussi de fabuleux réservoirs d’une biodiversité qui contribue au bon fonctionnement de ces services rendus par ces milieux d’exception. 

Diversité et évolution naturelle des milieux humides 

Les zones humides peuvent avoir des profils très variés allant de pièces d’eau libre peu végétalisées à des boisements hygrophiles poussant les pieds dans l’eau. Toute pièce d’eau est amenée à être colonisée par des végétaux et à peu à peu se refermer. On parle alors « d’atterrissement ». 

De nombreuses zones humides protégées font l’objet d’une gestion pour ralentir ce processus en limitant le nombre d’arbres tout en maintenant la végétation herbacée qui contribue au maintien des services rendus (stockage et épuration de l’eau). C’est dans cette logique que la commune intervient en taillant les arbres au Lacas et en limitant l’apparition de plus jeunes arbres. 

Reconnues pour leurs fonctions écosystémiques (rôles et services rendus), les zones humides sont protégées en France. Leur dégradation ou leur destruction est lourdement sanctionnée. Tous travaux (hormis l’entretien léger courant comme la taille des arbres) sont soumis à des demandes d’autorisation auprès des services de l’état. Les travaux doivent être alors justifiés. 

Les particularités de la zone humide du Lacas

Si le Lacas prend des allures de lac dont il tire probablement son nom durant la saison hivernale et au printemps, il connaît des périodes d’assèchement durant l’été et l’automne et à ce titre répond davantage à la définition de « mare temporaire ». Et ce sont justement ces variations du niveau de l’eau qui offrent des conditions particulières à des espèces animales et végétales très spécialisées. Ces adaptions aux contraintes difficiles en font des espèces rares. Leur spécialisation les rend à la fois plus performantes (moins de concurrence avec d’autres espèces) mais aussi plus fragiles car elles sont incapables de se développer dans des milieux différents. C’est le cas d’une petite libellule, le leste dryade, très bien représentée sur le site. 

Le leste dryade doit son nom à la mythologie grecque. En effet, les dryades, du latin « dryas » dérivé du grec « druas » appartenaient à un groupe de divinités protectrices des arbres et des forêts et seraient plus particulièrement liées aux chênes. Considérées comme des créatures  timides, elles se montraient très rarement à l’image du leste dryade qui avec sa couleur vert métallique et sa tendance à voler au milieu de la végétation se fait plutôt discret.

Le leste dryade occupe des pièces d’eaux stagnantes peu profondes, se réchauffant rapidement au printemps et présentant souvent une végétation dense. Il se différencie des autres libellules par son mode de reproduction adapté à la fluctuation du niveau de l’eau. En effet, après avoir effectué leurs « ballets » aériens et acrobatiques avec les mâles, les femelles pondent dans les végétaux immergés. Les œufs y passent l’hiver et n’éclosent qu’au printemps suivant. Cette caractéristique singulière permet aux larves de se développer avant l’assèchement des zones humides.

En fort déclin, le leste dryade est classé « en danger » dans la liste rouge des espèces menacées de l’Isère. La préservation des populations dépend très fortement du maintien de leur milieu naturel et notamment le maintien de l’assèchement ponctuel des pièces d’eau. 

Le Lacas abrite une des communautés les plus importantes de lestes dryade du Sud-Isère. La gestion actuelle du site mise en place par la commune permet de maintenir cette population en place.  

Le Lacas abrite également une petite population de grenouilles rousses. 

A l’image des autres espèces d’amphibiens, ces animaux très sensibles déclinent dans nos montagnes où le réchauffement climatique est plus important. Le maintien de zones refuges comme le Lacas est essentiel à leur pérennité. D’autres espèces d’invertébrés (insectes, araignées, mollusques, vers…) sont également présents et participent à la richesse exceptionnelle du site. 

Angélique Pruvost
Drac Nature